21 avril 2016
Médias

Presqu'ile de Saint-Tropez : confusion sexuelle des ravageurs de la vigne

Imiter la nature pour protéger la vigne : tel est le principe d’une méthode de biocontrôle aussi douce qu’efficace pour protéger le vignoble des larves de papillons.
Grâce à l’engagement des Ets Racine, cette méthode de lutte collective fait son apparition dans la presqu’île de Saint Tropez où elle est amenée à se développer.

Ramatuelle, le 21 avril 2016 – Au cœur de la Provence, les viticulteurs du Domaine des Tournels lancent la saison viticole. Avec le soutien des Ets Racine, ils sont mobilisés pour mettre en place la confusion sexuelle dans leurs vignes (solution «Rak® »). IIs cherchent à protéger les précieux ceps de nombreux ravageurs parmi lesquels des papillons nommés «tordeuses de la grappe» ou «vers de la grappe», dont les larves altèrent la vendange sur le plan qualitatif comme quantitatif. Dans les vignes, les ravageurs femelles émettent des phéromones pour attirer le mâle et s’accoupler. Pour y faire face, le principe de la confusion sexuelle est simple : utiliser des phéromones de synthèse pour rompre les communications chimiques entre papillons mâles et femelles. Des diffuseurs de phéromones se présentant sous la forme de capsules sont installés dans les vignes. Ces phéromones de synthèse sont reproduites à l’identique de celles produites par les papillons ravageurs. Après leur installation, elles diffusent des millions de phéromones et saturent l’atmosphère. Concrètement, des petites capsules contenant des phéromones sont accrochées entre les pieds de vigne, à intervalles réguliers. Elles émettent de manière continue tout au long de la saison et jusqu’aux vendanges, sans être impactées par la pluie ou la chaleur. Conséquence : il devient très compliqué pour les papillons ravageurs mâles de localiser les femelles.
Désorientés, les insectes mâles n'arrivent plus à repérer les femelles pour s'accoupler. Le résultat est là : sans accouplement, pas de larve ni de chenille susceptible d’attaquer les raisins. Sur les zones confusées, les populations de ravageurs sont maintenues en deçà des seuils de nuisibilité. Les expériences menées ont montré qu’après plusieurs années de lutte par confusion sexuelle, les populations de tordeuses diminuent. Autre avantage de la protection «Rak®», elle permet de réduire les attaques de botrytis, maladie liée à un champignon qui dégrade fortement la qualité du raisin.

Une belle avancée pour l’environnement
Pionnier dans le domaine du biocontrôle, cette méthode par confusion sexuelle a été mise au point par BASF. La protection de la vigne nécessite la pose de 500 capsules par hectare. Cette protection est encore plus efficace contre les tordeuses de la grappe si elle est mise en place sur une zone importante. La dimension collective de ce moyen de lutte contre les ravageurs contribue à renforcer les liens entre les viticulteurs d’une région. Grâce à l’engagement du Domaine des Tournels et à l’accompagnement par les experts des Ets Racine, toujours soucieux de développer des méthodes alternatives à chaque fois que cela est possible, l’impulsion est donnée avec plus de 50 ha confusés cette année. Sur le terrain, les viticulteurs sont convaincus de l’efficacité de cette méthode douce qui préserve la biodiversité et qui peut être utilisée aussi bien en viticulture conventionnelle qu’en viticulture biologique. D’un point de vue environnemental, l’apparition de la confusion sexuelle dans la Presqu’île de Saint Tropez est une belle avancée puisque cette méthode de biocontrôle permet d’éviter l’utilisation de deux insecticides et contribue à une production de qualité. L’image du vin est associée au plaisir et à la qualité. Elle ne peut faire l’impasse sur le respect de l’environnement. Les producteurs sont bien décidés à faire reconnaître leurs efforts dans ce domaine, en particulier dans la presqu’île, haut lieu touristique : la confusion sexuelle est aussi une réponse efficace aux attentes sociétales en matière de pratiques agricoles.

Dernière mise à jour 21 avril 2016